samedi 27 février 2010

TDAH adulte : ma renaissance

Ce billet fait suite à celui titré La vie adulte avec un TDAH. Je dois vous avertir : je décris ici mon expérience personnelle et elle peut ne pas convenir à tout le monde. Aussi, ne le prenez pas comme un document scientifique. Mon intention est de montrer qu'il est possible de se sortir d'une situation avec de la volonté et un peu de bonne planification.

Pour vous mettre en contexte, quarante-trois années de ma vie ont été passées à investir de la bonne volonté à contre-vent, en montant une pente abrupte et en portant un sac à dos plein de cailloux.

Ma vie est un désordre que je ne réussis jamais à ordonner. Chaque fois que je m'attèle à la tâche, mon énergie s'estompe rapidement, ma concentration m'abandonne, je perds la capacité de mener à bien mes résolutions.

Le mois de novembre débute et je décide de prendre le taureau par les cornes : je veux un traitement pour me débarrasser de mon TDAH (trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité). On me dit que je dois d'abord consulter mon médecin de famille qui, s'il juge que j'en ai vraiment besoin, me référera au spécialiste. C'est simple...

Tout le mois passe et je ratisse le paysage médical public de la Vieille-Capitale et de la région de la Capitale-Nationale entière sans trouver un simple médecin qui veut me suivre. C'est une vraie farce : on doit voir le CLSC qui nous réfère à un GMF qui, à son tour, nous réfère au Collège des médecins qui, croyez-le ou non, nous renvoie au CLSC. Comme dans tout bon système gau-gauchiste, tout le monde est responsable de responsabiliser quelqu'un d'autre.

En bon centre-droitiste, je me suis tanné du fonctionnarisme et je suis allé m'appauvrir dans une clinique privée! Eurêka! J'empoigne le téléphone et j'appelle les médecins de l'économie libérale. La première dame qui me répond, ici à Québec, m'accueille comme un VIP dans un hôtel! J'exprime mon besoin de me trouver un médecin pour un suivi et elle s'empresse à m'annoncer qu'il y a toujours de la place. Dès que je mentionne le TDAH adulte, l'hésitation se fait sentir. Elle se fait très désolée mais on ne peut me servir pour ce genre de mal. Je fais donc le tour de tout ce qu'il y a de privé dans la région, puis autour... Il ne faut pas parler de ce mal honteux.

À Montréal, le deuxième appel est fructueux : un médecin est disponible pour un suivi général. Cette fois-ci, je décide de ne pas mentionner le mot diabolique. On m'assigne dre Graham et le rendez-vous est fixé pour dans moins d'un mois! En fait, je me suis arrangé pour que ça coïncide avec mes vacances pour que je puisse me rendre dans la métropole. Si j'avais pu avant, elle me l'aurait accordé pour cette semaine même!

Curieux webbiste 2.0 que je suis, je consulte le site de la clinique pour me rendre compte que dre Graham est une spécialiste du TDAH! Il a fallu ne pas le mentionner pour que la Nature me gratifie de ce beau cadeau!

Profitant de visiter des êtres chers à Mourrial, je débarque station l'Acadie et trouve facilement la clinique que j'avais préalablement repérée sur Google Streetview. L'examen pour l'ouverture du dossier, mesuré et pesé - wow! j'ai maigri beaucoup! - la préposée à l'accueil a même vérifié deux fois. La carte de crédit plus lourde, je prends la route vers ma Capitale bien aimée, armé de ma prescription.

Il faut bien comprendre que ces pilules ne règlent pas tout. Déjà, j'avais entrepris avec ma coache Chantal un plan de réorganisation (de comment je me sens et de comment revoir mon organisation personnelle) et tout ce que la médication change pour moi est d'amenuiser les «empêchements» sur le plan de la concentration. Je peux avoir l'esprit et la motivation cérébrale nécessaires pour mener à bien mes intentions. Toutefois, je trouve important de préciser que le fait d'être, au départ, un gars heureux prédispose à réussir. Être heureux et en santé, ça contribue. Le méthylphénidate ne rend pas heureux ni en santé. Il ne planifie pas pour soi non plus. C'est l'interaction des bons outils, des bonnes techniques, des bons matériaux, du bon terrain et des bonnes conditions qui mènent à une structure solide.

Ma renaissance consiste à rénover ma structure; c'est ma résolution pour 2010. Jusqu'à maintenant, je suis lambin comme toujours mais je vois de grands progrès!

On s'en reparle!