dimanche 12 septembre 2010

Yeux québécois ouverts sur le monde : films en version originale

Comme nous en bloguions précédemment, on peut être amoureux fidèle du Québec sans être exclusif. Ainsi, être bilingue ou polyglotte, ça ne veut pas dire qu'on renie sa francophonie! Comprendre les voisins, entendre leurs voix et faire entendre la sienne par leur langue n'est qu'une manière de communiquer, de se faire des amis. Avoir les yeux ouverts sur le monde, c'est s'intégrer socialement.

Le cinéma international est le véhicule de cette compréhension : en plus d'être divertissant, il nous permet de voyager à travers le monde. Il nous immerge dans le contexte de vie des humains qui nous voisinent. C'est une expérience. Comme pour nous, leur langue est la couleur de leur culture : entendre leur voix dans leur saveur originale fait partie de l'expérience comme si nous y étions physiquement. En voyage chez eux, nous ne les affublons pas d'un doublage!

Les bleuisseux croient que les films en version originale, présentés à Québec, viendraient diluer la culture québécoise; ils «angliciseraient automatiquement» nos jeunes.

Ce cher et sympathique Steve Théberge propose un groupe sur Facebook (films VOA movies in Québec) en faveur des films présentés à Québec en version originale anglaise. Steve est aussi en accord avec le fait d'être bilingue car c'est une ouverture sur la connaissance des nations voisines, une ouverture sur comprendre le monde.

Pour ma part, j'aime bien regarder un film dans sa version originale car, trop souvent, le doublage est douloureux à entendre, sonne faux et altère l'image de la culture du lieu où se déroule l'histoire. Les sous-titres permettent de comprendre l'essentiel, en ne dénaturant pas l'œuvre.

J'aime le Québec, sa langue et sa culture. Je suis capable d'apprécier l'art étranger sans compromettre mon allégeance. C'est ça, être fort.


Jean-François Néron - Tuxdequebec

samedi 11 septembre 2010

Blue washing : mettre ses bottines où vont ses babines

Blue washing, expression que j'emprunte au green washing, pourrait être traduite en «blanchissage bleu»; «bleuissage»; «maquillage bleu»; «québéfoutaise» et j'en passe. Elle décrit le fait de clâmer son amour inconditionnel pour le Québec, sa culture et sa langue, son peuple et sa société, avec beaucoup de mots et peu de gestes concrets.

Parmi les bleuisseux, on retrouve les brandisseux de drapeaux fleurdelisés qui ont toute la difficulté du monde à bien parler la langue qu'ils défendent. On compte parmi eux les gens qui attribuent tous leurs malheurs aux «méchants» du Canada anglais et qui investissent très peu de responsabilité individuelle et collective à l'intérieur des frontières québécoises. On y voit également ceux qui idéalisent le Québec sans même s'intéresser à ce qui s'y passe. Eh oui! J'en côtoie quotidiennement.

Aimer le Québec, c'est la même chose qu'aimer une autre personne. Les mots doux et les pancartes ne suffisent pas. Il faut apprendre à aimer par des gestes concrets, avec fidélité et équilibre.

Par exemple, les relations amoureuses peuvent être saines comme elles peuvent être destructrices, selon qu'on aime constructivement ou qu'on aime pour posséder et contrôler. L'équilibre relationnel doit être maintenu pour éviter qu'un des deux partenaires ne se sente écrasé par l'autre, etc. Aussi faut-il que les deux puissent ressentir l'équité : la responsabilité d'un envers le couple, la responsabilité d'un envers l'autre, la responsabilité du couple envers l'un et l'autre. J'ai toujours argué qu'un couple est un ménage à trois : moi, toi et nous. J'ai besoin d'un MOI fort pour que NOUS puissions assurer le bonheur, la stabilité et la sécurité à TOI aussi.

Le MOI, c'est la Québécoise et le Québécois qui se sent responsable individuellement en tant que membre du collectif appelé Québec. Assurer un MOI fort revient à dire «Que puis-je faire pour mon Québec?» au lieu de «Que peut faire mon Québec pour moi?». Chaque autre TOI du collectif est un MOI.

Le NOUS, c'est l'ensemble de ces valeureuses Québécoises et de ces valeureux Québécois qui, ensemble, se concertent, partagent et s'entraident pour que tous les MOI et les TOI du collectif Québec puissent se sentir heureux d'être au sein du NOUS.

Comme en amour, les paroles doivent refléter l'image des gestes concrets et vice versa. On a beau vouloir protéger le français, encore faut-il prouver son amour en investissant la volonté de bien le parler, l'écrire et l'enseigner à la prochaine génération.

Comme en amour, l'exclusivité obsessionnelle tue le couple. Il n'est pas nécessaire de haïr les nations voisines pour prouver sa fidélité au Québec. Le jaloux qui force son conjoint à s'aliéner ses amis pour mieux assurer sa souveraineté amoureuse a besoin d'un psychologue, voire d'un psychiatre! Je connais de parfaits amoureux du Québec qui parlent anglais pour garder les yeux ouverts sur le monde, sans diluer d'aucune façon leur allégeance à leur culture et à leur langue. J'en fais partie!

Manifester dans les rues tout habillé de bleu ne fait pas le moine. Posez votre regard sur les humains qui, hors de portée des projecteurs et des caméras, oeuvrent à bâtir le Québec, à consolider le français en aidant ses pairs à mieux le maîtriser, à publier aux quatre vents les beautés de sa culture, à inviter le monde à apprécier son NOUS, plein de MOI et de TOI forts et heureux.

Si tu aimes ton Québec, prouve-le par des gestes concrets. Pas du pelletage de responsabilités. Et laisse le drapeau au haut du mât, là où tu ne risques pas de piler dessus en manifestant dans la rue boueuse.

Jean-François Néron - Tuxdequébec