samedi 6 mars 2010

Mariage solide et heureux entre le milieu communautaire et le centre-droitisme (1 de 5)

Série de billets sur «Humanitaire responsable» (billet 1 de 5)

Avertissement : si vous êtes de nature victimiste ou martyriste, veuillez consulter votre aide ou prendre vos pilules avant de lire ces billets. (rire)

Lorsque je commence à œuvrer au sein du milieu communautaire en 1982, il est clairement défini qu'un organisme sans but lucratif est - par définition - un bénéficiaire de l'aide sociale et de la charité. Un OBNL ou OSBL, selon l'école, ne peut d'aucune manière vendre quoi que ce soit pour survivre; c'est transgresser la limite entre le «gentil bénévole» et le «méchant commerçant». Tenir sa comptabilité dans le rouge est une vertu, un don de soi.

En 1983, le Club Waska commence à vendre des ateliers et des publications. Les pairs lèvent un sourcil. Cinq ans plus tard, tous les services - sauf le théâtre sur vidéo - sont offerts aux membres moyennant une contribution. L'organisme est donc perçu comme un mouton noir, un produit de la droite... Les années 80 passent et le mouvement Waska est vu comme un extra-terrestre.

Le 955, avenue de Bourgogne à Sainte-Foy abrite, en 1989, des cliniques, des avocats, des assureurs et autres professionnels bien nantis. Le Club Waska s'installe dans son propre bureau parmi eux, grâce aux revenus qu'il gagne. L'Union des clubs Waska répète l'expérience en 1991 aux Galeries Duplessis...

Aujourd'hui, l'économie sociale est considérée la norme. C'est le mariage heureux entre l'humanisme et la rentabilité. Les OBNL subsistent grâce au produit de leurs ventes au lieu de dépendre des fonds publics ou de la charité. C'est l'autonomie, l'empowerment.

La droite politique est connue pour sa rapidité à sabrer dans tout ce qui est gauchiste, comme l'action communautaire. Toutefois, celle-ci évolue et n'est plus cette belle utopie qui engouffre des fonds publics dans l'aide à répétition, dans le maintien des démunis dans la pauvreté, dans les grandes envolées pleurnichardes... Bon, j'admets qu'il en reste. La majorité évolue.

Le temps où «communautaire» rime avec «subventionne-nous ou l'on te fait la guerre» appartient graduellement au passé. L'économie sociale permet aux gens de cœur d'aider leur prochain avec la tête haute, en préservant leur dignité et celle de leur clientèle. La population appuie avec enthousiasme l'organisme qui aide sa communauté sans alourdir son fardeau fiscal! Surtout lorsqu'il fait aussi rouler son économie.

Et l'autonomisme, dans tout ça? «Autonomiser» signifie aider les individus et les organisations à s'affranchir de la dépendance aux fonds publics et à la charité, à s'approprier le pouvoir sur leur destin, à regagner leur dignité, à devenir un moteur de l'économie, à devenir un pilier de la communauté, à fièrement devenir CAPABLES et CONFORTABLES.

Être CAPABLE de s'aider soi-même et, par extension, d'aider ses pairs est un pouvoir libérateur. L'esclavage que crée la dépendance aux ressources provenant d'autrui pousse à se dévaloriser, se démotiver, abdiquer. Apprendre à s'approprier le pouvoir sur son succès (l'empowerment) commence par la reconnaissance de ses besoins, de ses forces réelles et de ses attentes pour atteindre le CONFORT. L'autonomie, c'est connaître les techniques pour se sortir d'une situation problématique et pour atteindre la solution, sans qu'un tiers malveillant ne tire profit de son malheur, de son inexpérience.

Être CONFORTABLE, c'est l'état où l'on n'est pas stressé par l'imminence de l'échec. Bien entouré par un réseau d'entraide, l'autonome sait accepter l'aide ponctuelle comme ressource pour le maintenir dans le CONFORT. Tant qu'il y est, il est un vecteur de succès du milieu.

Le centre-droitisme est un mouvement qui appuie l'aide aux concitoyens qui en ont besoin, dans la mesure où cette aide est responsable, où elle permet de ne pas être un fardeau pour la société. On parle de liberté lorsque le gouvernement n'impose pas aux individus responsables d'éponger les échecs de ceux qui ne le sont pas. Or, l'économie sociale permet à un organisme d'aider la population tout en étant un moteur socio-économique. L'OBNL autonome est un exemple à suivre pour sa clientèle. Il ne coûte pas cher pour la société et n'est pas porté à lancer des campagnes de chantage émotif chaque fois qu'il n'obtient pas ce qu'il veut. Il est fort et solide, rassurant et protecteur, stable et rentable, réaliste et pragmatique.

L'organisme «Waska, autonomie et services techniques communautaires» à Québec offre des ateliers d'apprentissage où les participants deviennent autonomes ainsi qu'un réseau d'entraide qui leur permet de le rester. L'économie sociale fleurit partout : Secrétariat à l'action communautaire autonome et aux initiatives sociales, Fédération des télévisions communautaires autonomes du Québec, Chantier de l'économie sociale au Québec...