samedi 15 août 2009

La vie adulte avec un TDAH

J'avais 35 ans quand le diagnostic est tombé : trouble déficitaire de l'attention (avec ou sans) hyperactivité, aussi connu sous son surnom affectueux, TDAH.

Dans mon cas, j'ai un déficit de l'attention, un problème d'apprentissage et une hyperactivité inégale. Je peux être surénergique par moments et complètement abattu par la fatigue tout de suite après.

Durant mes années d'études, on m'a reproché d'être dans la lune, un lambin et paresseux. Maintenant, j'aimerais suggérer à ces gens de se pencher et de laisser ma botte à cap d'acier exprimer mon opinion de leur jugement et de l'impact qu'ils ont eu sur mon estime de moi. Pourtant, je pouvais facilement atteindre des 95, 96 et 97 % dans plusieurs matières! Dans mes cours de Lotus 1-2-3 (tableur électronique) et de sténographie, j'ai passé l'année avec 100%. Toutefois, je ne pouvais finir un travail pratique sans lutter comme un désespéré. Il me fallait me tordre le cerveau pour rester concentré et garder ma motivation. De plus, ma mémoire est sélective et inégale. Je peux me souvenir de nombreux détails sur différents sujets et oublier le nom de la personne qui vient de se présenter à moi deux secondes plus tôt.

En 2001, je travaille sur la rédaction du répertoire des organismes de l'Ouest de Québec (aujourd'hui évolué en 211). Tout ce que j'ai à faire se résume à cueillir l'information auprès des dirigeants d'organismes et rédiger le répertoire. C'est si simple... Mon cerveau est cependant incapable de se concentrer uniquement sur cette tâche. Je me mets alors à alterner d'une tâche à l'autre jusqu'à inclure des activités extracurriculaires à travers ma journée de travail... Je télécharge de la musique ou je rédige des textes pour Waska, en alternance avec mon travail. La rédaction du répertoire progresse pourtant avec rapidité et qualité! Ma tête semble bien fonctionner quand j'attaque trois projets en alternance. Mes patrons viennent à se rendre compte de ma méthode de travail et mon emploi se retrouve soudainement menacé. Je me résous à visiter mon docteur et m'enquiers de ce qu'on peut faire de cette tête problématique qui me gâche la vie...

TDAH! Le médecin n'a pas l'air surpris, pas impressionné pour deux sous. C'est si répandu et, à la fois, si méconnu. À 35 ans, j'apprends du coup la raison de mon incapacité à réussir ce que j'entreprends en tant qu'adulte mais aussi la cause de toutes mes misères comme élève. Il me parle de «médication» - ici, il faut l'entendre avec un écho dramatique - de méthylphénidate ou MPH, du Ritalin®. Ou probablement quelque chose de similaire. Toutefois, étant donné que je semble trouver une certaine paix avec l'alternance de tâches, il m'assure qu'il n'est pas urgent de recourir à la chimie.

Huit années se sont écoulées depuis ce jour. Mes emplois d'aujourd'hui requièrent une grande concentration, une présence d'esprit et la rigueur dans l'accomplissement des projets. Ma méthode d'alternance de tâches ne suffit plus à me tenir à flot et je coule tranquillement. J'oublie mes pauses ce qui dérange l'horaire de tout le monde, je retiens difficilement des consignes toutes simples, j'oublie les noms des clients et des collaborateurs... J'oublie de poster ma déclaration de revenus, je réussis à faire mon ménage au bout de cinq jours, je peux passer dix jours sans bloguer... Très très mauvais pour mes vies professionnelles et personnelles.

Je prends le taureau par les cornes!!! Je consulte un ange nommé Chantal Beaupré et je retourne voir le médecin pour amenuiser mon TDAH. 2009 est mon année de relevage de manches. Fini les folies; je chasse les nuages qui passent devant mon bonheur!

Jean-François Néron
Secrétaire exécutif et directeur de Waska

Liens intéressants sur le sujet:

http://www.psychomedia.qc.ca/pn/modules.php?name=News&file=article&sid=3837
http://www.chantalbeaupre.com
http://fr.wikipedia.org/wiki/Méthylphénidate
http://www.tdah.ca
http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/hyperactivite.php
http://www.attentiondeficit-info.com

3 commentaires:

  1. On n'est pas si différent des autres.. ! Il faut juste trouver l'équilibre.

    Je suis DYSLEXIQUE (diagnotic reçcu à l'age de 15 ans) , sans diagnostic de TDAH. Je te comprends quand tu parle de multi-tache. J'ai déjà eu un patron qui m'a demandé pourquoi, lorsqu'il me donnait une chose toute simple, je le ratais presque à tout coup.

    Et pourtant, lorsqu'il me donnait un projet impossible, même pour lui, je le réussissais avec brio.

    Au moment, de sa question. Je n'avais pas su répondre. Mais, je l’ai fait quelque temps plus tard. En lui expliquant, simplement que pour rendre ou j'étais rendu..! J'avais du comblé toute ma vie l'impossible.

    Tout mon parcours, scolaire et professionnel, les gens n'ont jamais compris ma limite et encore moins mes forces.

    Tout comme toi, j'ai du apprendre à travailler avec. Mais, il n'existe pas de "CHIMIE" contre la dyslexie.

    Le plus important, il faut continuer, continuer à expliquer, à parler pour dire qu'on n'est pas différents.. Seulement structuré différemment ..!

    En terminant, je permets de proposer un site pour aider les gens avec TDAH : http://www.aqeta.qc.ca/

    et aussi t'invité à lire un billet que j'ai écrit sur le sujet : http://generationagile.blogspot.com/2009/06/agile-et-lintegration-de-ressources.html

    Bruno Larouche

    RépondreSupprimer
  2. Merci Bruno!

    Les liens sont enrichissants! Super article bien écrit. Je t'encourage.

    RépondreSupprimer
  3. Merci Jean-François de ton témoignage. J'ai eu l'impression de lire un article me décrivant ...

    Je n'ai jamais été diagnostiqué officiellement pour le TDAH mais après avoir lu les symptômes dans un petit livre spécialisé sur le sujet, que je me suis procuré sur recommandation du psy de ma femme - lui les a vite reconnus simplement à la descripton qu'elle lui a faite de mes agissements - j'en conclus que c'est bien de cela dont je suis atteint et non de Troubles Bipolaires, pour lesquels j'ai été diagnostiqué injustement il y a près de 10 ans.

    Avec la conséquence que j'ai du prendre pendant 6 ans du Lithium, qui ne m'était absolument pas adapté, ni nécessaire. Je suis alors devenu une vraie loque humaine, dormant toutes ces années 20 hres sur 24, chaque jour, jusqu'à ce que je demande à mes médecins de réviser leur diagnostique (même après 5 confirmations, je ne pouvais me résoudre à accepter plus longtemps cette vie) et j'ai insisté.

    C'est après un séjour de 8 semaines à l'hopital de jour des troubles de l'humeur qu'on m'a enfin retiré le Lithium mais il n'ont pas porté d'autre diagnostique, malgré des comportements pourtant toujours aussi "dispersés". Il faut dire qu'à ce moment, le Lithium faisait encore ses effets et ils n'ont pas pu voir mon vrai moi.

    L'effet du Lithium disparaît complètement après une année environ. Mais depuis j'essaie de mieux gérer mon énergie. L'acupuncture aide un peu et pour le reste, j'alterne toujours les tâches.

    C'est ce que j'ai trouvé de mieux mais faut pas être pressé par une attente de résultats... Heureusement, je n'ai plus à travailler pour gagner ma vie. Je le fais par passion et n'ai pas grand compte à rendre à personne. Ça aide...

    RépondreSupprimer